Archéologue, un métier fantasmé mais...
Photo : P. Mazille, 2018 |
Ah Archéologue, un métier qui fait rêver n'est-ce pas ? En tout cas, c'est l'impression que l'on a lorsque l'on dit que c'est notre métier et ça nous fait plaisir. Mais à mes yeux aujourd'hui, ce métier ne fait briller les yeux surtout de ceux qui ne le sont pas. Et pourtant j'ai déjà vu des gens qui perdait tout attrait pour le métier après s'être rendu compte que oui l'archéologie ce n'est pas uniquement des beaux objets ou des sites exceptionnels. Pour nous, un trou de poteau est déjà une information en soi, là où des gens ne vont pas comprendre l'intérêt de le documenter (fiche US, photo, dessin...). Le fait que les expositions permanentes d'archéologie soient aussi peu didactiques ne donnent pas forcément envie d'entrer dans le cercle des initiés.
Pourtant ce n'est pas avec ces points que je voulais vous montrer la non envie d'entrer dans la profession de certaines personnes mais ça n'empêche pas certains de vouloir aller dans cette voie (l'acharnement paie puisque je suis en contrat sur un chantier préventif depuis le 29 juin et le suis encore au moment où j'écris ces lignes). Non c'est plutôt la réalité du terrain. Je m'explique. En général quand on arrive à décrocher un contrat c'est dans la grande majorité des cas un CDD avec des durées parfois ridicules (j'ai ouïe dire d'un contrat d'une semaine) à plusieurs mois mais après vous aurez le droit à deux mois de carence avant de pouvoir être de nouveau employé (et c'est d'autant plus vrai avec cette année 2020 où les contrats initiaux sont relativement courts et prolongés ou non par des avenants au mois par mois). A ceci on ajoute des grilles de salaire basse (parfois légèrement en-dessous du smic en net mais pas en brut) et on obtient le premier point qu'est la précarité de l'emploi. Ce à quoi peut s'additionner la concurrence entre certains organismes pour tirer les prix des chantiers préventifs vers le bas, ce qui aura une influence sur les moyens pour le personnel sur le chantier et en post-fouille.
On trouve bien d'autres problèmes comme notamment le sexisme qui est plus présent, à ma connaissance, sur les chantiers programmés que préventifs mais qui est quand même présent. Il est surtout pointé du doigt depuis quelques années par l'association Archéo-Éthique et son exposition Archéo-Sexisme co-organisée par le projet Paye ta Truelle qui a recueilli le propos de nombreuses situations qu'ont vécues de nombreuses femmes sur des chantiers. Pour en savoir plus, je vous invite à aller à aller suivre leur réseaux sociaux pour en savoir plus :
Archéo-Éthique : Facebook - Twitter
Paye ta Truelle : Facebook - Twitter - Instagram - Tumblr
Le dernier point que j'évoquerai est le moins important puisque lorsque l'on s'engage dans cette voie, on est sensé être au courant de ce qui nous attend avec notamment les conditions de travail. Forcément avec le travail en extérieur, il faut s'attendre à le faire sous différentes météos : pluie, neige, canicule... Même si c'est peu commode, il y a toujours des limites définies par le chef de chantier pour savoir s'il est toujours possible de travailler (tout dépend de l'intensité, du chef de chantier et le fait qu'il s'agisse d'un chantier programmé ou préventif). Bien sûr, on a des éléments pour s'adapter à ces intempéries : divers abris (parasol, tonnelles), compléter la documentation, avancer la post-fouille (avec le lavage ou le tamisage par exemple). Mais il arrive aussi d'autres inconvénients comme la perte de l'électricité à la base vie en plein mois de Novembre, c'est-à-dire plus de lumières, de chauffage et de micro-ondes, des éléments de conforts qui vous permettent de manger chaud, de faire sécher vos vêtements humides et de pouvoir vous changer sans avoir à ouvrir la porte (et donc avoir encore plus froid)... Je peux vous assurer que lorsque l'on travaille en automne/hiver, ce sont des petits conforts qui vous font tenir plus accepter certaines conditions plus facilement (notamment à force de crapahuter dans l'argile).
Photo : P. Mazille, 2018 |
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Photo : J. Marchal, 2018 |
Bon j'espère tout de même ne pas vous avoir dégoûté de la profession par ces mauvais points mais actuellement, je me remets beaucoup en question et je vois surtout les points négatifs de ce qui m'entoure et je peux éventuellement en omettre (donc si des collègues passent par ici ^^) donc n'hésitez pas à laisser un commentaire ;)
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