Le traitement de la surface des lames d'épée et des pointes de lance durant le Second Âge du Fer dans la vallée de la Saône



Comme annoncé sur les réseaux sociaux, je vais commencer à vous présenter certains dossiers que j'ai pu présenter au cours de mes études et j'ai choisi de débuter par le plus frais, mon mémoire de M1 que j'ai soutenu en 2015 déjà. Ce dernier traitait du traitement effectué su les pointes de lance et les lames d'épée du Second Age du Fer (450-50 avant Jésus-Christ) dans la vallée de la Saône à partir des collections du Musée Denon à Chalon-sur-Saône (71). Et même si au départ, je m'intéressai au côté ornemental de ces derniers mais, plus tard, je me suis rendu compte que ce n'était pas forcément le cas. 

Je vais commencer à vous présenter le vocabulaire spécifique aux pointes de lance et aux lames d'épée. Une lance comporte trois parties : le fer ou pointe, la hampe et le talon. Un fer de lance est constitué d'une douille, d'une pointe qui correspond au prolongement de la douille et fait d'une saillie, une nervure, qui sert d'axe de symétrie, dans la majorité des cas, pour l'empennage, composé de la continuité de la nervure centrale en fines feuilles de métal. A partir des fouilles réalisées sur un sanctuaire gaulois à Gournay-sur-Aronde (60), un système de classification des pointes de lance en 6 groupes a été mis au point par A. Rapin auquel on a en a rajouté un.


Typologies des pointes de lance (d'après Brunaux, Rapin, 1988, Fig. 66, p. 132 et d'après Lejars, 2013, Fig. 126, p. 151)

Une épée est composée d'une lame droite, plus ou moins longue en fonction du guerrier qu'elle arma, avec deux tranchants, des bords rectilignes ou convergents et une extrémité plus ou moins arrondie ou pointue en fonction de son utilité, ainsi une épée de taille et d'estoc aura une pointe en V alors qu'une épée de taille uniquement aura une pointe en U. Elle est complétée par une languette étroite, la soie, qui est de section, dans de nombreux cas, rectangulaire et qui servait de support au manche et dont l'extrémité était martelée pour maintenir les éléments de la poignée. Celle-ci généralement en bois, donc peu connue archéologiquement parlant, se compose en trois parties : la garde, la fusée et le pommeau. La liaison avec la lame est marquée par l'élargissement progressif de la soie, les épaules, qui sert de butée à une pièce, nommée la croisière, reproduisant généralement la courbure du fourreau en négatif. Actuellement les typologies (=formes), ne permettent pas de dater correctement une lame contrairement aux fers de lance mais des éléments comme le fourreau peuvent aider pour fournir cette donnée.



Nomenclatures, mesures et typologies des parties proximales et distales d'une épée (d'après Lejars, 2013, Fig. 83, p. 114 et Bataille, 2008, Fig. 2 et 3, p. 25-26)

Je ne vous embête pas à vous expliciter plus les différences entre chaque groupe pour les deux types d'objets traités ici mais vous avez une idée à partir des planches ci-dessus. Maintenant on va parler un peu plus en détail des traitements en eux-mêmes. Pour les pointes de lance, de mon point de vue, les modifications réalisées sont purement esthétiques. Sur les 110 fers observés, seuls 10 présentaient des traitements. Dans la majorité des cas, il s'agit d'incisions autour de la douille pour former de sortes de cercles en négatif servant à rappeler les attaches qui servaient à fixer les pointes de lance à des époques antérieures et ce type de décor était déjà présent à l'Âge du Bronze. Ce type de traitement existe aussi en positif avec un potentiel limage de la douille autour de la zone qui formera l'anneau. On a tout de même une pointe de lance avec un décor un peu plus travaillé dont la technique de réalisation a été sujette à débat lors de la soutenance. Je parle de la pointe de lance de Saunières (71) qui présente des esses encadrant un visage humain symétrique à chevelure en esses soutenu par une palmette réalisée avec le même motif. Ce décor est caractéristique, dans l'art celtique, du style végétal continu, ou style de Waldalgesheim en référence aux motifs sur les bracelets en or découvert sur ce site.
Provenance : Saunières (71), lit du Doubs
Datation : IVème siècle avant Jésus Christ
Long. totale : 224mm ; Long. douille : 84mm ; Larg. emp. : 18mm ; Diamètre douille : 13mm
Décor : Une incision linéaire à la base de la douille et deux « chevrons » incisés quasiment dans l'axe de l'empennage.


Pour les épées, sur les 112 lames conservées au musée Denon, 39 sont coincées dans leur fourreaux, donc non observables, et seules 21 portent des traitements. Comme dit plus haut, j'ai revu mon jugement sur le côté décoratif des modifications apportées sur les lames et aujourd'hui je leur voit une fonction plutôt utilitaire de type enlèvement de matière pour alléger la lame avec le chagrinage, sorte de poinçonnage, ou via des incisions parallèles aux tranchants pour qui peuvent aussi probablement faciliter le rangement de la lame dans le fourreau ou pour faciliter l'enlèvement du sang sur cette dernière.
Exemple de chagrinage sur une lame d'épée, n° inventaire : 54.13.1, Musée V. Denon (Photo : Marchal, J., 2014)

Exemple d'incisions linéaire sur une lame d'épée, n° inventaire : 99.28.51 (Photo : Marchal, J., 2014)

Je vais également aborder rapidement un point que je mentionne dans mon mémoire à propos de la localisation de ces objets dans le lit de la Saône. Alors que finalement mon corpus ne fait que 31 objets décorés, on n'a pas la localisation exacte de ces derniers puisqu'une majorité provient de dragages de la rivière mais pas tous. Malgré tout pour ceux dont on connait la localisation se situent non loin de passages à gué. La question des armes dans les eaux a souvent intrigué, pendant longtemps on a expliqué ceci par le cas de perte d'objets mais le fait que certains objets soit pliés ou que certaines épées soient ou non dans leur fourreau discrédite cette supposition. Donc finalement, on peut supposer que la déposition des ces armes soit intentionnelles que ce soit dans le cas d'une offrande à la divinité du cours d'eau pour un passage favorable, un rituel funéraire faisant correspondre la rivière comme moyen d'envoyer ces objets vers un défunt ou encore le résultat d'un combat ritualisé sur le passage à gué.

Vous pouvez retrouver le mémoire dans son entièreté avec le lien suivant :
https://www.academia.edu/30230756/Le_traitement_de_la_surface_des_lames_d%C3%A9p%C3%A9e_et_des_pointes_de_lance_durant_le_Second_%C3%82ge_du_Fer_dans_la_vall%C3%A9e_de_la_Sa%C3%B4ne

Voilà j'espère que cet article vous a plu, si c'est le cas, n'hésitez pas à me laisser un message ici ou sur les réseaux sociaux pour savoir si ce genre d'article vous plaît ou non ;)

Commentaires

Articles les plus consultés